Impacts environnementaux des pratiques agricoles et sylvicoles non conventionnelles

Animatrices : Maya Gonzalez et Laurence Denaix

L’agriculture et la sylviculture sont en forte mutation pour répondre aux enjeux sociétaux de sobriété énergétique, de recyclage des matières premières et de limitation des effets négatifs des pratiques sur l’environnement. Des dynamiques se sont engagées sur le terrain et une fraction croissante d’agriculteurs et de sylviculteurs opte pour des agricultures différentes (agroécologie, agriculture de conservation, agriculture biologique, biodynamie), des sylvicultures plus diversifiées et plus extensives, et de l’agroforesterie à l’interface des deux. Ces choix se traduisent notamment par une gestion différente de la fertilisation, de l’application des pesticides, de la mécanisation et du labour, des rotations (diversité spécifique et durée), de la biodiversité végétale et tellurique.

L’objectif de ce thème est d’évaluer les impacts environnementaux de ces pratiques non conventionnelles mises en place par les acteurs de terrain. Elles sont susceptibles d’induire des modifications sur le microclimat, la disponibilité des éléments nutritifs, la matière organique et le stockage de carbone dans les sols, les émissions de GES, la rétention de l'eau et la physique du sol, les contaminations des sols et des organismes, ainsi que la biodiversité. Si ces différents impacts sont généralement étudiés séparément, l’originalité de ce thème est d’en considérer plusieurs simultanément en rassemblant des compétences scientifiques complémentaires, de manière transversale aux autres thèmes du projet d’UMR. Les étapes de la démarche seront d’identifier les impacts potentiels des pratiques, d’en comprendre les mécanismes par une approche pluridisciplinaire, et d’intégrer les impacts quantifiés en alimentant des outils d’aide à la décision préexistants ou développés dans d’autres unités développés par ailleurs, ceci afin d’accompagner les transitions.

Identifier et hiérarchiser les impacts environnementaux d’un système donné sur le milieu physique et les interactions biotiques-abiotiques

Une pratique ou un système conçu pour limiter un impact particulier peut avoir des conséquences positives mais aussi négatives sur d’autres compartiments des écosystèmes agricoles et forestiers (ex : le recyclage de produits résiduaires peut contaminer les sols tout en apportant des éléments fertilisants). Il faut ainsi être en capacité d’analyser et de quantifier les impacts d’une pratique conjointement sur les sols, l’atmosphère et les organismes vivants, et de les hiérarchiser pour donner aux acteurs des filières et aux décideurs publics des éléments permettant de l’évaluer de façon globale.

Etudier les impacts environnementaux lors des évolutions temporelles dans des systèmes agricoles et sylvicoles en transition

La mise en place de nouvelles pratiques, le changement de systèmes peuvent être brutaux ou progressifs. Il s’agira ici de comprendre l’évolution temporelle de l’écosystème agricole ou forestier lorsque l’on passe d’un mode de conduite à un autre, en analysant les impacts environnementaux pour les différents stades tout en tenant compte des arrières-effets. Les outils qui pourront être mobilisés dans cette approche sont les réseaux d’observation, les sites ateliers, la modélisation…

Etudier les interfaces entre systèmes et la perturbation des cycles et flux par la contiguïté spatiale des systèmes différents

Un enjeu important est la coexistence de modes de culture différents sur un même territoire, avec des impacts possibles d’un mode de culture sur les parcelles voisines. Il s’agira ici d’analyser les impacts à un niveau spatial, en privilégiant les zones de lisière et les paysages fragmentés.

Projets en cours

AC2TION – Programme TETRAE

L’objectif du projet AC²TION est d’analyser de manière systémique et dynamique les impacts environnementaux, agronomiques et économiques de l’agroforesterie en viticulture et grandes cultures dans les territoires néo-aquitains afin d’accompagner et d’accélérer l’adaptation de l’agriculture aux enjeux de l’agriculture de demain, dans un contexte climatique changeant.

Notre ambition dans le cadre du projet AC²TION est d’évaluer et quantifier de potentiels effets positifs ou délétères en les intégrant dans une analyse de la performance globale (environnementale et socio-économique) afin de pouvoir piloter les trajectoires de transition en maximisant les bénéfices tout en minimisant les impacts éventuellement négatifs. Dans le cadre de ce projet, ISPA s’intéressera plus particulièrement aux impacts de la présence d’arbres dans les parcelles sur le microclimat, la fertilité et l’activité biologique des sols ou le stockage de carbone. Afin d’estimer la durabilité de ces systèmes, nous chercherons à projeter les effets observés aujourd’hui dans la perspective d’un climat futur, en 2050 afin de proposer des adaptations à engager dès aujourd’hui.